Lors de notre voyage au Canada, nous avons eu la chance d’y séjourner un mois complet, ce qui nous a donné le temps de parcourir une grande partie des Rocheuses mais également une partie de l’ouest canadien jusqu’à rejoindre le Pacifique.
Il est vrai qu’il y a eu beaucoup de route et même certaines journées entières étaient consacrées à rouler. Mais cela valait le coup ; d’une, les routes étaient belles et de deux, les destinations étaient magnifiques.
Cet article sera consacré à une de ces destinations. Pour ne pas faire deux journées entières de route pour rejoindre Vancouver, nous avions décidé de faire une halte dans un parc provincial : Wells Gray.
Ce parc était une grande surprise, nous l’avions adoré. Il est largement moins fréquenté que les grands parcs de l’Alberta où nous étions avant, c’était l’occasion pour nous de retrouver un parc calme sans avoir à éviter la foule.
Nous avions passé trois jours à l’explorer pour découvrir les différentes chutes d’eau que ce parc cache.

Nous avions donc quitté le Jasper National Park qui se situe dans la province de l’Alberta pour Wells Gray Provincial Park en Colombie-Britannique. Avec cette traversée de frontière entre deux provinces, nous changions d’heure également. Au delà du panneau ci-dessus, on retire 1h pour passer au fuseau horaire du Pacific Standard Time (-9h par rapport à la France).

Il faut compter 4h de route depuis Jasper pour arriver à Clearwater, la ville la plus proche du parc forestier de Wells Gray, puis il faudra bifurquer de la route vers le nord en s’enfonçant dans la vallée de la rivière Clearwater.
Notre première étape était les chutes Helmcken.
Helmcken Falls

La plus grande chute se jette dans le vide sur une hauteur de 141 mètres ! Ce qui fait d’elle la quatrième plus haute chute du Canada.
Voir cette chute d’eau tomber dans un véritable trou béant mérite largement de venir ici. Au cours des différentes inondations des 200 000 dernières années, ce plateau volcanique a été érodé par les conditions climatiques et la rivière Murtle et finit par être carrément creusé. Ce fut incroyable de voir cela de près, décidément, la force de la nature ne cesse de me surprendre.
Cet endroit a été découvert en 1913 par Robert Henry Lee lors de son exploration de Wells Gray, il était géomètre travaillant pour le gouvernement de la Colombie-Britannique. Il l’avait découvert par hasard en suivant la rivière Murtle, il avait tout de suite été impressionné par la grandeur de cette chute.
Fermez les yeux un instant et imaginez vous à sa place entrain de découvrir cet endroit fantastique, comment auriez-vous réagi ?
Le nom de Helmcken Falls tire son origine d’un médecin de la Compagnie de la Baie d’Hudson : John Sebastian Helmcken. Ce dernier avait fortement contribué à l’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération canadienne.
Bailey’s Chute

A la suite des Helckem Falls, nous nous enfoncions dans le parc provincial, la route goudronnée laissait place à une « gravel road », un route en gravier avec de nombreux nids de poule, faites-y attention si vous avez une voiture basse comme celle que l’on a eu en location.

Nous avions emprunté cette route afin de faire une petite promenade en fin de journée en direction de Bailey’s Chute à travers une belle forêt de cèdres géants, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, ces arbres étaient immenses !

Après un petit kilomètre dans la forêt, nous étions arrivé aux Bailey’s Chute, un petite cascade très vive créée par un rétrécissement du lit de la rivière Clearwater dû à une coulée de lave.

Nous étions venu ici dans le but d’observer les saumons remonter la rivière et essayer de battre courageusement le fort courant de la cascade en sautant afin de retrouver leur endroit natal. Le spectacle est beau à voir d’après les personnes qui y ont assisté, mais malheureusement pour nous, aucun saumon à l’horizon…
Fin de la première journée.
Dawson Falls

Deuxième jour, notre hôte nous avait conseillé de faire les Dawson falls et nous avait recommandé de rejoindre la cascade par le coté nord ; cela pour deux raisons : le chemin n’est pas le plus recommandé car il est mal indiqué pour les touristes et donc beaucoup moins fréquenté, la deuxième raison, c’est que nous pouvons s’en approcher au plus près de la cascade et passer en dessous.
Je ne détaillerai pas en détail le chemin pour y aller car cette randonnée n’est pas répertoriée et il est très dangereux de s’approcher des cascades. Si vous trouvez le chemin, faites-y très attention, il n’y pas de réseau et vous pouvez être seuls durant toute la randonnée. Munissez-vous également d’un spray anti-ours.

Nous voici donc dans le parcours, il n’y a qu’un seul chemin, il suffisait de le suivre, même si au début, nous n’étions pas sûrs que ce chemin nous emmènerait vers la cascade.

Certaines fois, nous avions vraiment eu des doutes, après quelques passages tortueux, nous étions arrivés ! Et quelle belle cascade !
Nous retrouvons la Murtle River, cette fois-ci, c’est toute la largeur de la rivière qui forme une cascade d’une moyenne de 18 mètres de hauteur et une largeur de 107 mètres !

La cascade est d’autant plus impressionnante vue d’en haut.

L’avantage de passer par le côté nord est de pouvoir s’approcher au plus près de la cascade. D’aussi près, on ne fait pas que de l’observer mais on la vit avec le bruit assourdissant et les vibrations que l’eau provoque.
Attention, les roches sont très glissantes ici.

Si il y a tant de chutes et de cascades à Wells Gray c’est parce que nous sommes dans une ancienne zone volcanique qui était très active, des milliers de couches de lave recouvrent la région. Au cours des derniers millénaires, l’érosion fut très forte avec l’association rivières et glaciers. Entre le refroidissement puis la fonte des glaces, le phénomène a créé de nombreuses cascades.
On dénombre pas moins de 22 anciens volcans et de 41 chutes d’eau dans ce parc qui est le quatrième plus grand de la Colombie-Britannique, ce n’est pas pour rien que le parc est surnommée Canada’s Waterfalls Park. Les trois jours que nous avons passé ici n’étaient qu’un très bref aperçu de la région.
Moul Falls

Nous reprenions ensuite la route pour une autre cascade d’un style totalement différent en plein milieu de la forêt.

Il est facile de venir ici, il existe un chemin de randonnée facile d’accès avec un parking, il suffit de suivre les plaques indicatrices.

Après 45 minutes de marche agréable dans la forêt, un escalier sépare la chemin et la base de la chute. Vous l’aurez compris, ici aussi, on peut s’y approcher très très près et même passer en dessous !

Du haut de ses 35 mètres de haut et 9 mètres de largeur, elle impressionne par sa façon de tomber dans un trou béant à la manière des Helmcken Falls.

On peut apercevoir l’épaisse couche de roche volcanique que forme le contour du trou creusé par la cascade pour se jeter à la base dans un sol qui est complètement différent. Nous étions dans un très grand amphithéâtre de la nature et nous nous sentions vraiment petits.

Ce fut l’occasion de nous rendre compte du passé volcanique de la région et de l’érosion des glaciers qui a modifié en profondeur l’aspect de Wells Gray. La lave qui est présente en amont est très dure contrairement à la base. Cette dernière est formé de « pillow lava », traduit « lave en coussin » qui est plus facilement friable et sensible à l’érosion car elle a été mélangé à l’eau ; la présence de ce type de lave souligne qu’il y a eu un lac à l’endroit où nous étions il y a 500 000 ans. Le débit actuel n’a rien à voir avec le débit d’il y a 10 000 ans qui a creusé cet amphithéâtre.

Ce n’est pas du tout recommandé, mais nous n’avions pas résisté à la tentation de passer en dessous de la chute. Une bonne douche assurée, nous étions complètement mouillés ! Mais cela valait le coup au vu du spectacle. Vous pouvez le faire mais à vos risques et périls.

Au total, nous étions restés ici deux heures, à prendre des photos et à contempler la chute, l’endroit était magnifique.

Le soleil commençait à se coucher, il était de rentrer à notre hébergement.

Hébergement : Wolfwood Ranch
Pour notre hébergement, nous avions jeté notre dévolu sur le Wolfwood Ranch. Une ferme calme au plein milieu de la forêt appartenant à un couple extrêmement gentil et accueillant. Ils ont construit des petites cabanes en bois à l’intérieur de leur gigantesque terrain. Un peu plus loin, vous trouverez un enclos avec plein d’animaux comme des poules, des canards, des chèvres et des lamas et encore plus loin, ils possèdent même un petit lac !

Ce fut un endroit parfait pour se reposer, ici il n’y a pas de réseau et cela fait du bien. Le soir, vous pouvez vous poser devant un feu et observer les étoiles. Ce fut mon hébergement préféré et en plus : on y mange très bien !
COVID oblige, nous n’avons pas pu manger dans la salle commune avec les hôtes, cela aurait pu être un vrai plus à notre séjour. Nous avons donc était servis chaque soir dans notre chambre malheureusement, mais cela ne retirait en rien la qualité du repas, c’était tout simplement délicieux ! Nous avions eu chaque soir et chaque matin des repas locaux très équilibrés et faits maison.

Le terrain du ranch était énorme, chaque animal avait sa place et nous pouvions nous y balader à notre souhait comme par exemple aller voir les chèvres ou les lamas.


Les propriétaires possèdent un petit lac privé où vous pouvez faire du canoë !

Et puis, il ne faut pas oublier que nous sommes dans le territoire des ours ici, les hôtes avaient déjà vu des ours se balader tranquillement dans le ranch. Et justement, même si il s’agit d’une propriété humaine, le terrain appartient avant tout à la nature et aux animaux sauvages qui y vivent.
Spahats Creek Falls et Clearwater Valley
C’était la dernière journée à Wells Gray, le séjour ici est passé tellement vite, il y avait tellement à découvrir encore mais d’autres aventures nous attendaient encore plus à l’ouest, plus précisément, l’océan Pacifique.
Sur la route, nous avions fait un petit arrêt à la Spahats Creek Falls, d’une hauteur de 75 mètres, elle reste très impressionnante. Le ruisseau qui l’alimente porte le même nom.
Spahats peut se traduire en « ours » en langue autochtone. Tout comme les Helmcken falls, le ruisseau et la chute ont créé leur lit dans de la lave déversée il y a plus de 300 000 ans et ils sont alimentés par la fonte des neiges d’un col situé à 15 km en amont entre Raft Mountain et Trophy Mountain pour ensuite rejoindre la Clearwater River.

Il est très facile d’accéder au point de vue, une plateforme d’observation se situe à 5 minutes du parking. Il est possible d’avoir beaucoup de monde ici.
Après la chute, nous nous étions dirigés vers un dernier point de vue sur la vallée Clearwater pour dire au revoir au Wells Gray Provincial Park

Wells Gray fut pour nous un véritable moment de détente. Coupé du monde, peu peuplé, avec un minimum de touristes et sans réseau, le parc est l’endroit rêvé pour se changer les idées, nous voulions juste couper notre trajet pour éviter de faire 12 heures de route, mais au final, ce fut une pause qui nous avait fait du bien tout en découvrant des chutes spectaculaires et variées.

Nous étions à notre troisième semaine au Canada, nous n’allions pas encore rentrer car notre but était d’atteindre le Pacifique, mais celui-ci est encore loin, la prochaine étape est Whistler, une petite ville dans les montagnes qui avait accueilli les jeux olympiques d’hiver en 2010.